Lignes de
fuite

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Lignes de fuite du portrait de mon grand-père, lignes de fuite de ma grand mère de plein pied, lignes de fuite d’un tableau de Francis Bacon, lignes de fuite de mon grand-père sur un tracteur. Lignes de fuite avec et sans horizon, lignes de fuite avec ou sans points fixe, lignes de fuite avec croisement, lignes de fuite de la brume dans Nostaghia d’Andreï Tarkovski, lignes des regards des êtres présents et immobiles.  Lignes de fuite d’un souvenir au regard lointain, lignes de fuite d’une femme qui passe, lignes de fuite d’une parole: la poésie est impossible à traduire, comme l’art. Lignes de fuite d’un regard par la fenêtre avec un poème d’Arseni Tarkovski « tout en ce monde se transforme »… Lignes de fuite d’une maison qui prend feu, deux êtres regardant les flammes, lignes de fuite du miroir de Tarkovski… Superposition des lignes de fuite. Créer sa propre ligne de fuite, provoquer les rencontres,  tourner le dos au manque, tracer la rupture, relier sa parole défaite sur un fond transparent.

« Un style, c’est arriver à bégayer dans sa propre langue. C’est difficile, parce qu’il faut qu’il y ait nécessité d’un tel bégaiement. Non pas être bègue dans sa parole, mais être bègue du langage lui même. Etre comme un étranger dans sa propre langue. Faire une ligne de fuite… Jamais les choses ne se passent là où on croit, ni par les chemins qu’on croit » Gilles Deleuze